Ce qui suit est une opinion personnelle, un ressenti de mon expérience, et peut ne pas refléter la réalité ou même le ressenti de l’ensemble de mes camardes, merci de ne pas leur en tenir rigueur 🙂
Lorsque j’ai débuté mon parcours professionnel, voire depuis mes études, nous avions une image assez négative des chercheurs en informatique. Ils étaient certes très intelligents, et avaient des connaissances approfondies, mais inutiles pour le quotidien. Savoir comment fonctionne un compilateur pouvait être passionnant,et servir dans quelques cas d’optimisation. De là à dire que c’était ce qui allait nous servir au quotidien…
Durant les 15 premières années de ce siècle, la tendance a perduré. Ce que j’ai pu observer autour de moi n’était pas très glorieux pour les chercheurs et universitaires.Nous les trouvions déconnectés de la réalité, perdus dans des théories ou sur des problématiques très éloignées des nôtres. Quelques frémissements se sont faits sentir dans certains domaines avec la montée en puissance des grands acteurs actuels, Google en tête. Les questions d’analyse sémantique et de volumétrie de données à traiter ont amené ces acteurs à travailler directement avec la recherche scientifique, car aucun produit sur étagère n’était prévu pour ce genre de cas.
Vu de mon fauteuil,cela aura été le début discret du changement que nous pouvons observer aujourd’hui. Les chercheurs sont sollicités, approchés, séduits. Nous avons besoin de leur vision en pointe, voire en avance sur la pointe, pour résoudre des problématiques spécifiques.
Ce qui a changé,selon moi, est l’état d’esprit, probablement poussé par les start-ups et la digitalisation massive. Nous sommes passés d’une approche “produit”(qu’est-ce que je peux faire avec ce que je connais) à une approche”solution métier” (que faut-il pour résoudre le problème posé par le business).
Et cela change tout.
Là où nous nous limitions à utiliser les capacités de quelques produits et à les mettre en service pour des fonctions prédéfinies, désormais nous sommes en mesure de creuser la problématique métier, qui n’a souvent rien à voir avec un problème IT. Cette problématique, nous la traduisons ensuite en critères techniques, et nous allons à la recherche du meilleur compromis pour résoudre la dite problématique. Et s’il le faut nous nous tournons vers les chercheurs.
Du côté des laboratoires, encore une fois selon moi, ce qui a changé en France est que ces équipes doivent maintenant aller chercher la plus grande part de leur budget dans des financements extérieurs. Et l’issue positive est que nous nous sommes rapprochés. Comme dans une belle histoire Disney de Noël (c’est de saison !),chacun a fait un pas vers l’autre et ensemble nous sommes plus forts. 😉
Le marché privé se rend compte que le mode de fonctionnement et de financement de la recherche publique est particulier. Le privé est capable d’entendre cela et de s’y adapter, car cela permet de créer des nouvelles solutions, avec l’appui des meilleurs cerveaux et technologies, même si elles n’existent pas encore.
Et la recherche publique a admis qu’elle devait travailler avec des projets peut-être plus précis, en termes de planning et d’objectifs, et surtout de ROI.
En bout de chaîne,on retrouve l’émergence des startups de type Deep Tech. Ces dernières sont des sociétés en cours de création qui associent un ou plusieurs chercheurs sur un sujet qui est très avancé et loin d’être industrialisé, et des gens business, qui sont capable de projeter les possibilités de cette technologie et d’en imaginer des usages. C’est l’association ultime de la recherche et du business !
Je l’ai beaucoup répété, cette analyse est issue d’un point de vue restreint, le mien, et ne reflète qu’une perception biaisée de la réalité. Je ne suis pas chercheur, je ne suis qu’un (presque) ingénieur infrastructure IT.